« Soleils révolus »
Il y a un univers Levier. Cela tient au graphisme, au traitement des couleurs ; l’un comme l’autre me paraissent indissociables des années cinquante et soixante, ce qui explique pour partie la nos-talgie troublante qui émane des huiles, et peut-être davantage encore des aquarelles (toutes moyen ou grand format). Levier est un peintre figuratif qui est resté fidèle à ses paysages intérieurs peuplés de jeunes femmes mélancoliques. Elles sont tantôt nues tantôt vêtues-apprêtées pour la fête, elles expriment toujours la même lassitude, la même résignation, la même indifférence. Elles se ressemblent, elles sont jeunes, elles sont belles d’une beauté im-parfaite et sensuelle, elles sont typées comme le sont les belles Ashkénazes. Sont-ce ses filles ? Je suis tenté de le croire. Je pense en particulier à Gladys, l’aînée, parce que je l’ai davantage connue que sa soeur. Je ne saurais dire, en revanche, si cet oiseau noir -un corbeau, un merle ? - qui selon les périodes se pose sur ses toiles est un oiseau de malheur. Un merle moqueur, comme celui du Temps des cerises (Quand nous chanterons le temps des cerises, Et gai rossign-ol et merle moqueur Seront tous en fête ! Les belles auront la folie en tête Et les amoureux du soleil au cœur ! Quand vous chanterez le temps des cerises Sifflera bien mieux le merle moqueur !), peut-être.
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