La parure qui enserre son cou symbolise une condition – un sacrifice de soi ? - que ne dément pas le regard dont la fixité accable un destin tragique. C’est du Racine. On y voit l’élégance, et le charme envoûtant qui prévalent chez le tragédien (pour qui la tragédie n’est commandée ni par le sang ni par les morts). Cette photographie n’est-elle pas le théâtre d’une supplique ? Supplique éternelle. D’une rage ? Rage éternelle. Ni excès de matière ni excès de couleurs avec ces bleus-ténèbres. Le décor, contemporain, est peint de cette discrétion toute racinienne. Il pourrait, nuitamment, résonner de ces vers de Bérénice : Je n’écoute plus rien, et pour jamais, adieu.
Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous -même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ;
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?
Mais quelle est mon erreur et que de soins perdus !
L’ingrat, de mon départ consolé par avance,
Daignera-t-il compter les jours de mon absence ?
Ces jours, si longs pour moi, lui semblent trop courts.
Constant Sbraggia
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