« Un homme qui parle deux langues
en vaut deux. »
« Interdire une langue est humainement scandaleux » déclare cette Corse d’élection (« Je suis corse d’adoption, pas Corse avec une majuscule d’essence ou de racine — qui me fait toujours peur, mais corse avec un petit « c », parce que c’est un prédicat choisi. ») Philosophe, helléniste, et désormais académicienne, passionnée par la force du langage, Barbara Cassin a remis la sophistique au goût du jour et n’a eu de cesse de souligner la richesse qui se niche dans la diversité. On se rappelle qu’elle avait endossé le costume de commissaire d’exposition et imaginé pour le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), à Marseille, l’exposition « Après Babel, traduire », tout en s’attaquant à un monumental dictionnaire sur les trois monothéismes. Ses recherches l’ont menée de Homère à Heidegger en passant par Leibniz et la psychanalyse, sans parler des nombreux programmes d’échanges culturels auxquels elle a contribué. Nous l’avons interrogée après que le Conseil constitutionnel a censuré partiellement les langues dites régionales, et en particulier l’ « enseignement immersif ».
Par Constant Sbraggia | Photos Rita Scaglia
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