« Dans la famille, les filles se sont orientées vers des activités d’expression et de création : nous avons une cousine antiquaire, une autre artiste-peintre, et la cheffe cuisinière… »
C’est d’ailleurs le rez-de-jardin de la maison de famille, aménagé en « studio-bureau-dépôt », qui rythme la vie quotidienne de l’entreprise. « C’est le berceau de la maison depuis toujours » édifie Marie-Luce. Comme une émotion solidifiée. Il faut encore considérer Porto-Vecchio, autrement que comme une ville artificielle, quand bien même le tourisme saisonnier en serait le moteur économique. Les mots de Jean-Antoine Nau, pris dans son Thérèse Donati, long roman qu’il écrit entre 1913 et 1915, disent beaucoup : « (…) Porto-Vecchio, petite merveille trop calomniée, apparaît sur sa colline, souriante comme les menues villes italiennes que l’on aperçoit de Florence à Orvieto (…). Les lire c’est recevoir des promesses méditerranéennes, c’est commencer à comprendre Porto-Vecchio. Et l’enfance de Marie-Luce et Sandrine. Il y a beaucoup de femmes autour d’elles, de celles qui renvoient l’absolu de l’amour, les fondements d’une éducation, au fond un féminisme méditerranéen. C’est d’abord une maman passionnée par son métier, la coiffure. « Une artiste, se plait à préciser Marie-Luce. Le samedi nous nous régalions de la voir monter ses beaux chignons et faire des crêpages avec une cette gestuelle qui était la sienne. » Le salon « Angèle coiffure », situé rue Simon Mela, était une institution. « Maman était une femme élégante et solaire qui a laissé son empreinte dans sa ville mais incontestablement sur ses filles. » C’est encore une grand-mère, Anna. « Tout Porto-Vecchio se pressait dans son restaurant, « Chez Anna », pour déguster ses plats italiens, qui étaient proprement fabuleux. Comme nous, elle avait l’amour de son métier et des matières. » Tati Raphaella remplissait aussi ses jours, elle était couturière. « Tous les Porto-Vecchiais l’ont connue. C’était un ravissement de la voir coudre, tricoter… Cette femme était dans le partage, elle nous livrait sa passion et ses secrets. » Comme tati Paula, l’antiquaire. « Du coup, dans la famille, les
filles se sont orientées vers des activités d’expression et de création : nous avons une cousine antiquaire, une autre artiste-peintre, et la cheffe cuisinière… » Le goût d’entreprendre ? « C’est notre papa ! Comme le travail en famille, source de réussite dans son cas. » Raphaël et ses frères ont fondé l’entreprise Piergigli et donc prospéré dans le bâtiment. « Partant de là, l’association avec ma sœur s’est faite naturellement. Ce binôme est la base de la maison Calarena, mais encore le moteur de notre développement. » Au chapitre des hommes citons le grand-père maternel : Jean, dit « Chiapedda », figure de Porto-Vecchio, il aura été le chauffeur de Jean-Paul de Rocca Serra durant 40 ans. Élargissons enfin le cercle des intimes à quelques professeurs comme monsieur Filippi, qui enseignait le français et la géographie, ou monsieur Mela pour les mathématiques. « De vrais profs ! à l’ancienne, qui d’ailleurs connaissaient nos parents pour les avoir eus comme élèves… »
Par Constant Sbraggia | Photographies Rita Scaglia et D.R.
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