L’inquiétude des images
L’oeuvre d’Anne-Charlotte Finel cherche inlassablement à capter quelque chose qui échappe au registre des identités immuables et acquises, quelque chose qui a à voir avec l’intensité, une vibration qui contredit la supposée transparence de nos sociétés de l’information. Que le sujet soit des chiens (Molosses en 2016) ou des algues (Fosse en 2018), ce sont en effet les pixels qui apparaissent comme le dénominateur commun aux vidéos de l’artiste. Les points de l’image électronique dansent ici le plus souvent dans la nuit et enveloppent chaque motif d’une épaisseur spatiale qui révèle la présence de la matière. En cela, Anne- Charlotte Finel déploie une poétique de l’entropie. Dans le registre scientifique de la thermodynamique, l’entropie correspond au degré de dispersion de l’énergie chimique et thermique au sein d’un système. De façon plus allégorique, l’entropie est à envisager comme une forme de dégradation de tout objet, une empreinte poudreuse qui témoigne d’une incertitude ontologique et du pouvoir de transformation à l’oeuvre dans la création qu’un objet correspond exactement à ce qu’il est.
Par Fabien Danesi, photos Rita Scaglia
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