« On dirait », pastels.
Dans son roman 3 balles perdues Sylvana Perigot écrit : « La nuit est chaude et claire, le ciel constellé d’or, les arbres hauts et blancs comme un troupeau de girafes. Sur le lac la lune dessine au projecteur son disque jumeau. L’eau retient sa respiration pour ne pas altérer le tracé du cercle. Tout se rassemble dans le corps paisible de la forêt. C’est l’été. La nuit est simple. » L’écriture pour peindre ce qui échappe, les espaces imprévisibles. Ce paysage nocturne l’auteur l’ébauche avec les lignes du dessin puis elle y dépose un peu d’or et de lumière. La poésie pour traduire ce qui change, les espaces mouvants. Sylvana Perigot varie à l’infini les nuances et les dégradés. Elle joue avec la matière douce et soyeuse du pastel à l’huile. Elle crée des oeuvres veloutées où la matité s’accorde à la brillance. Sur la toile ou sur le papier les pastels de l’artiste donnent de la substance à des territoires incertains. Parfois un bleu profond, parsemé d’éclats, invente un paysage changeant. C’est l’apparition fugitive, dans un paysage presque abstrait, d’une vapeur d’eau bleutée, d’une brume passagère. Sur les petits et grands formats, toujours carrés, la couleur délimite des espaces. Il semble facile d’y reconnaitre le bleu intense du ciel et de la mer. D’ailleurs l’artiste ne parait pas indifférente à la réalité géographique et aux variations du temps. Mais si dans son oeuvre elle laisse la liberté au spectateur de retrouver des lieux familiers de l’île ou d’autres contrées plus lointaines, ces espaces conservent tout leur mystère. Ces paysages rêvés le spectateur les perçoit tels des fragments lumineux. Des pizzicati de traits, de points, vibrent sur les tons graves du fond, inventent des formes qui affleurent, flottent un instant et soudain s’évaporent. Par petites taches floues, par des zébrures délicates Sylvana Perigot fait naitre un paysage en suspension.
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