Temps rouges
Le temps rouge fixé sur une pellicule, c’est le temps perdu qui réapparaît impitoyablement. Le dramaturge Jérôme Touzalin déroule cette composition théâtrale à propos de la photographie : « C’est l’instant qui s’arrête, les sentiments qui demeurent et la vie qui s’en va ». La deuxième proposition, « les sentiments qui demeurent », est sans conteste la plus dévastatrice, car on peut toujours s’accommoder des indices intellectuels, au lieu que « les sentiments qui demeurent vous remuent l’estomac » ; cette séquence rouge, monochrome, tel le négatif qui sert au tirage des épreuves positives, convoque tous les soleils révolus, transforme la vie en brûlure, dilate le temps.
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