Longtemps je n’avais pas voulu aller à Djerba. Trop touristique, pensais-je, trop d’hôtels, de séjours tout inclus, de promotions balnéaires. Et puis, un premier de l’An où je ne savais pas où aller, je suis entré dans une agence de voyages et j’ai pris un billet d’avion pour Djerba.
Ettout de suite, en arrivant, l’impression de printemps, le soleil tiède, les maisons basses, blanches, aux volets bleus, les oliviers, les citernes, les petites mosquées, les cafés tranquilles, le commerce calme, pas de umulte, de foule, pas de couleurs attendues, juste le vert un peu gris des oliviers, la terre sans colline ni relief, une épicerie au bord d’un grand terrain vide, les carrioles sages, les sourires de bienvenue naturelle, uelque chose de protégé et d’ouvert à la fois, une ambiance pacifique et modeste. L’hôtel qui tournait le dos à la zone touristique que je ne verrais au fond jamais. Le thé tout de suite offert comme si j’étais là depuis toujours. e balcon de la chambre face aux palmiers de décor, toutes les terrasses de Misria que l’on voyait en face, vides la plupart du temps, comme réservées aux nuits brûlantes, aux sommeils d’été à l’extérieur, sous les étoiles ettes de juillet qui s’étaient estompées. J’oubliais qu’une nouvelle année débutait, juste la vie sans objet, sans projet, qui s’offrait. Avec la mer immense, ce pêcheur immobile qui semblait attendre un courant, les algues oires au bord, tels des tapis défaits, la plage où je marchais, bordée de dunes et de palmiers plus sauvages, ce n’était pas le désert, pas vraiment l’Orient, comme un pays intermédiaire, au bord du grand Sud et qui ’aimait pas les extrêmes. Comment était-elle née cette lagune, étrange et si calme, avec quelques oiseaux qui paraissaient à peine faire escale au bord de ces centaines de buissons à la fois ternes et envoûtants, ces emblants de pistes parmi les sables mouvants ? Rien qui rappelle, au fond, les dépliants de voyages et les publicités pour édens à portée de la main. Bien sûr, il y avait le village d’Houmet Souk qui faisait fonction de apitale, avec ses bougainvillées et ses venelles de comédie musicale, ses placettes, son café des Oranges, les chaises qui en prenaient l’odeur, les arcades avec leurs magasins de tissus presque solennels, où l’on ne emblait entrer que pour préparer les tenues d’un mariage, les pharmacies si coquettes qu’on paraissait oublier qu’on venait pour guérir, la poste tellement bondée qui vous faisait croire à nouveau aux lettres et aux andats minute, tout semblait ancien, avec des éclats de modernité, ces MP3 que certains arboraient avec une fierté nonchalante, les lunettes noires des représentants d’une jeunesse dorée venue d’ailleurs, ignorant ceux qui restaient attablés à longueur de journées, sans travail depuis des mois, ayant juste trouvé pour quelques jours une coque de navire à réparer ou un mur à consolider, enviant vaguement leurs camarades qui vaient eu un emploi pendant la haute saison, avaient encore de quoi leur offrir l’unique thé de la journée.
Photos Rita Scaglia et D.R.
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