« Je n’ai jamais aimé nommer que pour la joie, très enfantine ou archaïque, de me croire créateur du nom. Pensez avec moi à toute l’extrême différence qu’il y a entre le mot et le nom. »
Votre nom n’est pas votre vrai nom. Ce n’est même pas celui de votre père. Il vient d’un ailleurs lointain : le sang, le sperme, tous les liquides qui ont cheminé pour aboutir en haut à gauche d’une copie d’examen, au beau milieu d’une carte de visite, sur la plaque d’une étude de notaire, dans un procès où l’on organise le divorce de l’argent et des enfants. La carte d’identité fait plaisir à tous les policiers du monde. Monsieur Lenoir vient d’une couleur, monsieur Desforêts d’un bosquet, madame de Pompadour d’un lieu-dit et Saint-Jean B. d’une rivière, sans doute. Cela me conforte dans l’idée que pour être peinard il faut se cacher derrière un « pseudo ». Larvatus prodeo. Le HCE de Joyce nous indique le chemin : Here Comes Everybody. Mais aussi Romain Gary, Conrad, Svevo, Stendhal, Stevenson, Cendrars… Simenon dans sa jeunesse a écrit sous vingtsept pseudonymes différents (Jean du Perry, Germain d’Antibes…).
Par François Léotard – Illustration Romain Gary (photo D.R.)
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