« L’âme sauvage »
Est-il âme qui ne revendique sa sauvagerie comme son bien le plus précieux et le plus pur ? Indomptable, libre et fière, l’âme que rien n’altère reste alors en communion étroite avec la forêt (silva) : la sylve, comme on disait en un temps où les ermites et les proscrits s’y réfugiaient. Qu’elle soit de pins ou de châtaigniers, de chênes ou de bouleaux, la forêt est cet espace mystérieux fait d’ombre et de lumière où les esprits de la nature peuvent encore se manifester, entretenant avec la vie de l’âme des rapports secrets. Car l’âme ne se sent plus chez elle nulle part dans un monde qui a oublié qui elle est, et qui détruit tout ce qui rendait audible « la mélodie des choses »
(Rilke).