Il nous parle ce pays qui ressemble à une question posée sur le tableau noir d’une école française. L’Ukraine nous parle, elle crie et nous l’entendons : qu’est-ce qu’une nation ? La nation est toujours un appel. Ernest Renan l’écrivain français a tenté de nous le rappeler : qu’est-ce au juste qu’une nation ? Pas seulement une langue mais une histoire aussi, une communauté humaine qui sait qu’elle peut disparaître. À l’école on a essayé de nous l’apprendre. Mais souvent nous l’oublions : ça s’abime, ça se dissout, ça se ferme, ça s’abandonne. Parfois même nous perdons pied. Car c’est compliqué. Pas seulement un territoire que l’on défend, qui s’est construit au fil des ans, comme une grande maison pour tout un peuple. C’est aussi des malheurs partagés, des bonheurs, des églises, des paysages, des villages, des places publiques et des querelles, une mémoire, des guerres… Et tout naturellement, comme dans la nature la plus sauvage des prédateurs… Pour nous, ce fut souvent l’Angleterre, devenue une alliée, puis une Allemagne devenue notre amie. Cela s’est fait lentement car nous n’avons jamais voulu mourir. Il y eut des poètes, des chanteurs, des récits et des légendes, des instituteurs, des guerres, des famines Et de beaux alexandrins ; Victor Hugo : « l’illustre acharnement à n’être pas vaincu ».
Par François Léotard – Illustration : Jackson Pollock « No.19,1948 »
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