« Je ne veux pas quitter ma maison, l’Ukraine. »
Sana Shamuradova est née à Odessa, en Ukraine, en 1996. Elle a 24 ans. La majeure partie de son enfance s’est déroulée à la campagne dans la région historique de Podillia, au centre-ouest de l’Ukraine, couverte de forêts et de marécages. En 2010, elle est diplômée de l’école de Ballet. En 2014, elle débarque à Toronto en tant qu’immigrante. En 2020, Sana va décrocher son baccalauréat ès art psychologie à l’université de York mais décide alors de s’installer dans la ville qui l’a toujours inspirée : Kiev. Depuis deux ans, établie en tant qu’artiste visuel, elle travaillait principalement le graphisme et la peinture, recherchant les racines à peine explorées de son ascendance à travers des archétypes collectifs et personnels. Mais les événements l’ont conduite à se replier à Odessa, chez sa grand-mère, où son père vient de la rejoindre. « Les bombardements se sont intensifiés, j’ai passé 24 heures dans un abri, et après j’ai pu, par miracle presque, être évacuée de Kiev. J’ai tout laissé en refermant à la va vite la porte de mon appartement, toutes mes oeuvres, tout… Tout est resté à Kiev, je suis partie avec juste un tout petit sac où mettre mes documents, enfin la valise de détresse, l’argent, juste le nécessaire. Je suis en plein désarroi, mon humeur change d’une heure à l’autre, je ne sais pas encore ce que sera ma vie dans les jours qui viennent, l’atmosphère est très tendue, c’est surtout l’inconnu qui pèse lourd. Les menaces sur Odessa… Je ne sais pas ce que je ferai dans les jours qui viennent. En fait, je ne veux pas quitter l’Ukraine. Je ne veux pas quitter ma maison, l’Ukraine. Mais je vois à quel point le danger menace mon pays. »
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