La guerre russo-ukrainienne a mis en lumière ce paradoxe : l’identité collective est un bien sacré lorsqu’un peuple agressé défend son intégrité, mais une revendication scélérate en temps de paix et au regard de sa culture et de ses moeurs. Ce premier paradoxe en cache un second puisque les identités « traditionnelles », démantelées en tant que constructions sociales supposées dénuées de fondement naturel et de légitimité morale, volent un peu partout en éclats tandis que des revendications identitaires jusqu’alors minoritaires occupent le devant de la scène : pour de bonnes raisons chaque fois que le droit des individus et des peuples à disposer d’eux-mêmes a été bafoué ; pour de mauvaises s’il ne s’agit que de trouver dans l’identité des autres la cause des malheurs qu’on a endurés. Alors que les civilisations anciennes n’ont survécu qu’en préservant un équilibre toujours fragile entre construction et destruction, la nôtre déconstruit à tout-va comme pour mieux affirmer son besoin illimité de liberté et un sens de l’altérité qu’elle pense exemplaire. N’abandonnons donc pas l’identité aux identitaires, et ne la laissons pas non plus aux mains de ses fossoyeurs !
Par Françoise Bonardel - Photos : Anna Higgie
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